Quand on lève le nez à Toulouse, on remarque encore quelques plaques de rue anciennes. Elles datent du début du XIXe siècle et étaient produites par la manufacture de faïence Fouque-Arnoux, place Saint-Sernin.
Un code couleur permettait — et permet encore — aux Toulousains et gens de passage de s’orienter dans le dédale des rues étroites du centre-ville :
❧ la plaque est jaune si la rue est parallèle à la Garonne ;
❧ elle est bleu-gris si la rue est perpendiculaire.
Une subtilité ?
Les maisons sont numérotées de l’amont du fleuve vers l’aval dans les rues aux plaques jaunes, et de l’aval vers l’amont dans les rues aux plaques bleu-gris.
Une autre subtilité ?
La position du point à côté du numéro indique la rive du fleuve sur laquelle on se trouve :
❧ à droite du chiffre, on est sur la rive droite de la Garonne, comme ici au 4 place de la Daurade, du côté du quai de Tounis ;
❧ à gauche du chiffre, on est sur la rive gauche, du côté de la place Saint-Cyprien.
Ce système pourtant ingénieux fut abandonné à peine soixante ans après avoir été mis en place, en 1875.
Les plaques rescapées sont à présent protégées et entretenues.

Pour les curieux de passage en Occitanie, le musée des arts et traditions populaires de Saint-Gaudens et du Comminges (31 - Haute-Garonne) possède la plus grande collection de porcelaines dites de Valentine, produites par les Fouque-Arnoux, familles de faïenciers originaires de Moustiers-Sainte-Marie dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Arrivés pendant la Révolution, les Fouque-Arnoux s’installent d’abord place Saint-Sernin à Toulouse avant de s’établir à Saint-Gaudens, au vallon de Valentine, en 1829. Ils y produiront la porcelaine dite de Valentine, à pâte dure, colorée de bleu cobalt ou de vert de chrome, souvent rehaussée d’un décor floral et de liserés d’or. Certains membres de la famille émigreront au Royaume-Uni et aux États-Unis après la faillite de l’entreprise en 1878 ; ils y poursuivront la fabrication d’objets en faïence jusqu’au milieu du XXe siècle.
Pour ceux désireux d’en savoir plus sur ces deux familles de faïenciers, je conseille la lecture du livre que leur a récemment consacré l’une de leurs descendants, docteure en histoire et chercheuse associée au laboratoire FRAMESPA de l’université Toulouse Jean-Jaurès :
Marie-Germaine Beaux-Laffon, Les Céramiques des Fouque et Arnoux : Une aventure industrielle au XIXe siècle, de Moustiers à Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 2022.
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꧁ Illustration ⩫ ©Maëva Vigier ꧂
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