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10 conseils pour une relecture efficace

꧁ René Magritte, La Lectrice soumise, 1928 ꧂
꧁ René Magritte, La Lectrice soumise, 1928 ꧂

 

 

 

 

Impossible de travailler sur une phrase sans ébranler un paragraphe, de travailler sur un paragraphe sans secouer la page, de molester la page sans cogner sur le chapitre. La frappe chirurgicale a des incidences sismiques.

Réécrire, c'est parfois pinailler avec une massue.

Christophe Claro

 

 

 

 

Que vous envisagiez l’autoédition ou l’envoi de votre manuscrit aux maisons d’édition, la relecture est une étape dont vous ne pouvez pas faire l’économie. Elle est indispensable, car un texte soigné, débarrassé de ses coquilles et lourdeurs, est un argument solide.

 

Dans le cas de l’édition traditionnelle, les éditeurs auront un a priori positif. Dans le cas de l’autoédition, vos lecteurs vous sauront gré de leur donner à lire un texte propre.

 

Alors, convaincu ? Encore faut-il vous donner l’envie de vous lancer dans cette tâche rébarbative, d’autant qu’en matière de relecture vous êtes votre pire ennemi. Du moins votre cerveau l’est, qui va tout faire pour s’affranchir de ce travail laborieux.

 

Relire efficacement votre manuscrit, c’est arriver à leurrer votre cerveau.

Conseil 1 : Laisser du temps au temps

Vous venez de consacrer des heures à l’écriture de votre manuscrit, votre œil est moins vif et glisse sur les fautes. Pire, votre cerveau a tendance à corriger les fautes à l’instinct de telle sorte que vous ne les voyez plus. Prenez du recul, laissez poser le texte comme vous laisseriez infuser votre thé. L’idéal serait que vous le relisiez comme un lecteur qui le découvre. Ce n’est pas évident à mettre en place, surtout lorsque vous avez des délais à tenir. Voilà pourquoi je parlais d’idéal.

 

Conseil 2 : Avoir un bon matériel

Ne dit-on pas qu’on reconnaît un bon ouvrier à ses outils ? Avant de vous lancer dans la relecture de votre manuscrit, veillez à avoir de quoi noter : un carnet et un/des crayon(s) de la couleur qui vous plaira. Pourquoi privilégier un carnet ? Parce qu’il va vous suivre tout au long de votre travail et que l’on sait ce que deviennent les feuilles volantes. Vous pourrez le garder, il sera la trace, la mémoire de votre relecture de même que le recueil de vos erreurs ou maladresses les plus fréquentes. Il restera un outil utile pour les manuscrits à venir. Choisissez un protocole de correction. Chacun a le sien, à vous de trouver celui qui vous convient le mieux. À vous de trancher que mettre en italiques, de figer l’orthographe des noms, etc.

 

Conseil 3 : Éloge de la lenteur

Le meilleur conseil que je puisse vous donner est d’être lent et patient. Lire vite, c’est courir le risque de laisser traîner des fautes, des erreurs de frappe. L’œil saute d’un mot à l’autre plus qu’il ne les lit.

 

Conseil 4 : Imprimer votre texte

Ce n’est pas un geste très écologique je le reconnais, mais il a été prouvé qu’une relecture est bien plus efficace - parce que plus lente - sur un support papier, en plus d’être plus reposante pour les yeux. Et rien ne vous empêche d’imprimer en recto-verso ou de recycler les feuilles en brouillon.

 

Conseil 5 : Changer la mise en pages de votre texte

L’astuce précédente ne vous a pas convaincu ? Vous préférez lire sur écran ? Vous n’avez pas d’imprimante ? Vous pouvez changer la police de caractères, sa taille, sa couleur, les marges, la typographie avant de commencer votre relecture. Tout ce qui permet de garder votre cerveau en alerte est bienvenu. À force de relectures, il a retenu à quel endroit exactement se trouvent tel ou tel mot, tel ou tel événement de votre récit. Il faut déconstruire la mémoire visuelle en disposant votre prose différemment sur la page.

 

Conseil 6 : Savoir s’accorder des moments de pause

Vous avez besoin de revenir sur ce que vous venez de lire ? Votre esprit a vagabondé ? Vous avez perdu le fil de ce que vous lisiez ? Rien de plus normal. Il faut savoir décrocher, ne pas s’entêter. Pressé par le temps ? Des délais serrés à tenir ? Risquez-vous à interrompre votre relecture quelques instants. Ce ne sera pas du temps perdu, quoi que vous en pensiez.

 

Conseil 7 : Commencer par la fin

Là encore le but de la manœuvre est de casser la routine. Commencez la relecture à la dernière page et remontez le cours de votre récit jusqu’à la première. Croyez-moi, vous ne serez pas pris par l’histoire que vous connaissez par cœur puisque vous l’avez écrite et serez bien plus attentif aux fautes d’orthographe et erreurs typographiques.

 

Conseil 8 : Lire à voix haute

La lecture à voix haute est un processus fastidieux car long, mais rien de tel que de lire votre texte ainsi pour juger de la limpidité de votre prose, repérer les tournures ampoulées, les phrases bancales, les dialogues qui sonnent mal, etc. En plus de déceler les lettres oubliées lors de la saisie, vous prendrez conscience des améliorations possibles, des erreurs de concordance des temps, de tout ce qu’une lecture silencieuse ne peut vous apporter. Si vous butez sur une phrase, alors un travail de réécriture s’impose. À l’inverse, si votre texte est fluide, vos lecteurs prendront plaisir à le lire.

 

Conseil 9 : Solliciter un œil extérieur

Il ne faut pas hésiter à faire relire votre texte par une tierce personne qui, ignorante du récit, n’aura pas vos mauvais réflexes. Son œil neuf, aiguisé, lira attentivement, son cerveau ne corrigera pas automatiquement les erreurs, les oublis. Au-delà de la correction pure, ce bêta lecteur ou lecteur-test vous donnera son avis sur votre ouvrage. Tient-il en haleine ? Les idées sont-elles convaincantes ? les personnages bien campés ? la lecture agréable ? Quelle partie demande à être remaniée ? etc. Ce bêta lecteur sera d’autant plus performant qu’il ne vous connaît pas et peut donc commenter en toute objectivité, sans craindre de vous froisser. Faire relire son manuscrit par des amis, même si leur avis n’est pas à négliger bien sûr, n’est pas le plus pertinent. Il se peut qu’ils répugnent à vous dire les choses qui fâchent. Évitez toutefois de multiplier les lecteurs-test à l'excès, la critique tue la critique et vous ne sauriez plus qui écouter.

 

Conseil 10 : Redécouvrir son texte

C’est sans conteste et de loin le conseil le plus délicat à suivre. Essayez-vous à lire votre manuscrit en vous mettant à la place du lecteur qui vient d’acheter votre roman. Et posez-vous, sans aucune concession, les bonnes questions : « Ai-je envie de connaître la suite ? », « L’auteur me perd-il en cours de lecture ? », « Les personnages sont-ils crédibles ? »... pour finir par la plus éloquente « Achèterais-je ce livre ? ».

 

Ceci n’est qu’un aperçu des principales techniques de relecture. À vous de choisir celle(s) susceptible(s) de cadrer avec votre projet et votre sensibilité.


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